Destiné à une vingtaine d’élèves de l’Ecole à programme belge du Burundi en dernières classes du secondaire, et animé par l’éditeur et écrivain Roland Rugero des Éditions Gusoma, cet atelier d’écriture s’est tenu du 07 au 09 avril 2023 au Centre Spirituel de Kiriri. Thème de travail: l’empathie…
Les séances de cette activité, qui s’inscrit dans le programme parascolaire de l’École Belge Burundi, comprenaient notamment des exercices de rédaction sur la fiction, de réflexion sur les facettes et les enjeux entourant l’altérité, la confiance, l’engagement littéraire, etc.
Roland Rugero est revenu sur la dimension de « jeu » qu’offre l’écriture, et l’importance de l’émotion dans le voyage littéraire: « Les meilleurs romans, les souvenirs les plus forts que nous gardons de l’art sont ceux gravés par les émotions que nous avons ressentis en lisant tel roman, en écoutant tel morceau de musique ou en regardant telle actrice jouer. Écrire suppose d’emblée une posture empathique, celle de l’écrivain se mettant à la place du lecteur et cherchant à le garder au plus près tout au long de la narration« .
L’atelier d’écriture a été rehaussé par la participation de l’Ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi, Alain Van Gucht, qui a livré une passionnante lecture sur « Diplomatie et empathie« , à quatre mois de la fin de sa mission à Ambassade de Belgique au Burundi et du début de sa retraite. Pour ce diplomate de plus de 30 ans de métier, qui l’ont mené dans 10 pays, notamment au Pérou, en Suisse, aux Pays-Bas, au Maroc ou encore au Kosovo, « mes quatre ans au Burundi ont été intenses et me marqueront à jamais. C’est le poste où je me suis le plus remis en cause« .
![](https://www.thegusoma.net/wp-content/uploads/2023/04/Ambassadeur-de-Gutch.jpg)
Une lecture suivie par une longue séance de questions sur la dimension empathique du métier de diplomate, avant que l’Ambassadeur Van Gucht ne fasse le tour du « Collège de Kiriri » construit entre 1952 et 1961 par l’architecte belge Roser Bastin.
….l’empathie est ambivalente : elle n’est ni bonne ni mauvaise, ni positive ni négative, elle est ce qu’on décide d’en faire. Et elle n’est nullement gage de moralité. En fait, dans le pire des cas, son usage peut se faire à des fins de manipulation préjudiciable à autrui. De même la diplomatie n’est par définition ni bonne ni mauvaise, ni négative ni positive, elle est ce qu’on décide d’en faire : elle peut être parfaitement cynique, ou au contraire bienveillante. Mais ce que le diplomate défend fondamentalement, ce sont les intérêts de son pays. Et pour y parvenir, il ne peut jamais épouser totalement les thèses de son interlocuteur dans une négociation, en d’autres termes lui manifester une totale sympathie. Il est en effet exceptionnel, voire impossible, que les intérêts de deux pays coïncident totalement. Par contre, tout en conservant sa singularité, il pourra lui dire « je comprends votre position et je la respecte, mais je ne la partage pas. Et voici quelle est ma position, que je souhaite que vous compreniez mais que je ne vous demande pas de partager parce que je sais qu’elle ne correspond pas nécessairement aux intérêts que vous devez défendre», ce qui est la définition même de l’empathie.
Lecture du 08/04/2023 de l’Ambassadeur Alain Van Gucht, sur « Diplomatie et Empathie »
L’atelier d’écriture, qui s’est clôturé par un concours de rédaction, a permis d’introduire l’appel à la mise en place d’un périodique à l’École Belge Burundi animé par les élèves, et permettant d’encadrer/attirer les talents littéraires avec le soutien des Éditions Gusoma. La rencontre a permis également de souligner de nouveau le rôle-clé que joue le corps professoral dans la promotion de l’écriture, la lecture et la réflexion auprès des jeunes, en proie à la pression du numérique.